Je rentrais des cours légèrement en avance aujourd'hui. Lorsque je sortit de la cheminée, je traversa le salon en lançant un "Salut" rapide envers Jasper. L'odeur d'alcool puant qui traversa mes narines m'immobilisa une seconde. Je m'appretais à le sermonner, mais je me ravisa, choisissant que je le ferais une fois que j'aurais pris ma douche.

- Oh... Mon Domino, pourquoi t'enfermer ainsi ?, beuglait Jasper à travers la porte.

Je poussa un soupir et continua de prendre ma douche, tandis que je l'entendais gratter derrière la porte comme un chien enfermé. Je sortit pour m'essuyer et me rhabilla en T-shirt et jean. Lorsque je sortis de la salle de bain, je reporta enfin mon attention sur l’alcoolo.

- Jasper, bon sang ! T'es encore bourré ?! J'te rappelle que Kathleen arrive dans quelques minutes ! Alors rangez-moi ces bouteilles que tu laisse tout le temps traîner et métamorphose-toi ! Allez, dépêches-toi !, disais-je tandis que je faisais vers la cuisine pour préparer le repas.

J'ouvris le frigo.

- Il a même descendu la bièreaubeurre...

- Jasper, bon sang ! T'es encore bourré ?! J'te rappelle que Kathleen arrive dans quelques minutes ! Alors rangez-moi ces bouteilles que tu laisse tout le temps traîner et métamorphose-toi ! Allez, dépêches-toi !

Je poussais un soupir et alla récupérer toutes les bouteilles aux pieds du sofa, je les déposais sur le bar comme je ne savais pas vraiment où il voulait que je les rangent. Je me retournais et le voyait, légèrement pencher sur la porte du frigo ouverte, il attendait une chaleur corporel, c’était certain. Je me collais donc par derrière en l'enlaçant par la taille, lui murmurant à l'oreille :

-Alors... Qu'est-ce que tu va nous faire de bon ?

je décondensais lentement ma tête pour lui déposer un baiser dans le creux de son cou.

Je sentis des bras m'enlacer par la taille et tout un poids mort s’affaler sur mon dos.

- Alors... Qu'est-ce que tu va nous faire de bon ?, me murmura Jasper à l'oreille.

Je sentis qu'il m'embrassa sur le coup, me provoquant une secousse de dégout avant que je ne m'extirpe de ses bras. Cette fois c'en était trop !

- Par les couilles de Lucifer, t'es vraiment torché ! Je t'avais demandé de te métamorphoser !

Je soupirais, me rendant compte que je devais probablement parler dans le vide avec cette bouteille sur patte à qui il ne manquait plus que le bouchon.

- Je vais faire du poulet au curry avec du riz, disais-je sur un ton plus conciliant tandis que je sortais les ingrédients. T'aimes ça ?

- Évidemment, t'es mon p'tit cuistot à moi...

Son pouce se glissa jusque sous mon T-shirt, au niveau du ventre, le tirant une nouvelle montée d’adrénaline. Réaction instantanée : J'ai écarté sa main d'un geste rapide, et je me suis retourné pour la mettre sur son poitrail afin de le tenir à l'écart, un couteau de cuisine à l'autre main accoudé sur le comptoir.

- Bon, Jasper, je sais que t'es bourré, mais je vais mettre les choses au clair : Je suis pas une femme, tu n'es pas intéressé par les hommes, et moi non plus. Alors arrête d'essayer de me draguer, sinon je vais vraiment me fâcher !

Il avait prit ma main pour essayer de la descendre je-ne-sais-où, mais je ne lui ai pas vraiment laissé le temps d'en arriver là : j'avais retiré ma main comme si elle avait failli se faire prendre dans un piège à souris.

- Qui te dis que je n’aime pas les hommes ?

Un sourire moqueur s'étira sur mon visage.

- Toi. Pas plus tard qu'hier soir. Et tu étais encore assez sobre. Oh et puis merde à la fin, c'est pas la question ! Vas décuver dans le salon et laisses-moi cuisiner !

Il s'approcha de moi lentement.

-Mais si on essaie pas, on pourra pas savoir.

Sans hésiter, je pointa mon couteau de cuisine devant moi. Je savais où il se trouvait au bruit de ses pas, aucun risque que je ne le transperce avec.

- Je ne tiens pas à essayer. Fin de la discussion.

J'entendis Jasper partir ailleurs, soulagé qu'il ai enfin renoncé. Mais c'était sans compter sur sa bêtisé innée : Il venait de casser toutes les bouteilles de verres qu'il n'avait même pas eu le courage de jeter.

- Oups... Hi-hi !

Je soupirais, sortit ma baguette et lança un sortilège dans l'air pour que les débris lévitent et se rangent toutes seules dans la poubelle de la cuisine. Je continuais donc à préparer ma cuisine, me demandant quand arriverait Kathleen.

- Dis, demandais-je tandis que je coupais la viande, pourquoi tu as décidé de devenir animagus ?

Je l'entendis s'allonger sur le bar. Dans cette condition, j'avais presque l'impression que l'on jouait au psychologue. Un peu bizarre, comme patient, mais après tout pourquoi pas ?

- Les vacances d’été de ma cinquième années, j'ai suivis un renard au chemin de traverse. Jusqu'à chez elle, puis je l'ai harcelée... Elle à cédée et m'a apprit, puis ma vidé la tête et voilà...

J'arqua un sourcil, sans pour autant arrêter ma cuisine, lui prêtant soudainement une oreille attentive.

- Vidée la tête ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Bah, Oubliette !

Un sourire narquois s'étira sur mon visage.

- Je pense que j'avais compris ça. Je voulais dire : Pourquoi ? Elle voulait que tu l'oublies par-ce qu'elle te supportais plus ou quelque-chose comme ça ?

- Je devais être trop beau pour qu'elle ne le supporte plus longtemps. C'était sans doute une vieille carne !, répondit-il suivit d'un rire franc.

Je hochais la tête lentement, sans pour autant lâcher mon sourire narquois que j'arborais depuis tout à l'heure. Indécrottable ce gars là, j'en avais bien peur.

- Je vois. Et donc ? Qu'est-ce que ça fait de pouvoir se transformer en animal ?

- Et toi ? Ça fait quoi d'être un Loup garou ?

Mon couteau cessa de couper quelques secondes avant de reprendre son rythme naturel. Un loup-garou, hein...

- Je pense pas que ce soit comparable. Mais bon, donnant-donnant, hein ?

J'inspirais un grand coup tandis que je mettais les morceaux de viande dans la poêle.

- C'est comme si... Comme si j'avais un loup qui vivait à l'intérieur de moi. En permanence. Il se contente de dormir la plupart du temps, hors pleines lunes, mais parfois, lorsque je ressens des émotions fortes, il se réveille à moitié... Et en général c'est pas bon... Et je ne parle pas des soirs de pleine lune...

Je finissais par hausser les épaules.

- Mais bon, ça a aussi ses avantages. J'entends, je sens et je ressens les choses bien mieux que n'importe qui. Et ça m'a plutôt bien rendu service jusqu'ici.

- Surtout parce que t'es aveugle.

Je haussais les épaules. Oui, ça joue aussi, pensais-je. Je l'entendis bouger dans son coin.

- Eh ben, au début c'était moi en chien, donc quatre pattes, une queue et des puces...

Au début ?

- Mais maintenant... plus d'une journée, l'instinct vient, si je reste plusieurs mois le chien prend plus de la moitié du dessus...
- Je comprends... Mais pour savoir ça tu as dû l’expérimenter, non ?

- Quatre ans, non stop..., répondit-il au bout de quelques secondes.

Je haussa les sourcils. Quatre ans ? Ce n'était pas rien quand même. Je riais légèrement.

- Ça explique ton odeur. Même sous forme humaine, tu gardes une odeur de chien sur toi. Je me demandais comment ça se fait.