- Oui, je me suis fait mal. Mais ce n'est rien, ça va passer, dit-elle péniblement.

Sa voix trahissait sa douleur, c'était une évidence. Enfin, "trahissait" était un grand mot étant donné qu'elle l'avouait ouvertement, mais elle avait plus mal qu'elle ne le laissait croire. Je la connaissait depuis bien trop longtemps pour savoir quand elle me cachait quelque-chose. Je devinais alors à peu près, au vu des circonstances, comment elle s'était fait mal. J'entrepris alors de relever l'une des manches de son jean et tâtonna du bout des doigts ses genoux, jusqu'à tenter de retrouver son bleu. Je réussit à le localiser, et tenta de déceler si elle s'était foulée ou cassée quelque-chose. Mais elle n'avait qu'un simple bleu, bien que plutôt imposant. Je soupirais de soulagement et me redressa.

- Je veux un câlin..., quémanda-t-elle.

J'esquissai un sourire qui feignait la moquerie, mais je lui accorda son câlin en me penchant vers elle, passant mes bras autour d'elle et la serrant fort contre moi. Peu importait la présence d'Alizea, qui de toute façon n'était pas dans la chambre pour le moment. Je ne pouvais lui refuser cela. Car c'était ma Liz. Je lui caressa tendrement le dos et lui murmura des mots apaisants pour la réconforter. Comme je l'avais toujours fait dans ces moments là -enfin... pas toujours vu qu'au début j'avais du mal à gérer ce genre de situations, mais avec le temps, on finit par apprendre-. Ma main remonte pour lui caresser les cheveux, et redescends jusqu'à sa joue. Je m'écarte pour lui faire face, et termine en lui déposant un doux baiser sur les lèvres. Ça par contre, je ne l'avais jamais fait avant dans cette situation, mais je ne pensais pas un instant que cela pouvait la déranger. Je lui remet une mèche de cheveux qui lui barrait le front derrière l'oreille, et me penche vers elle.

- Ça va mieux ?, lui demandais-je avec un sourire serein.

Alizea attendait depuis le salon, mais même si je sentais toujours son odeur, j'ignorais totalement sa présence. Mon monde se trouvait en face de moi pour le moment. Je lui embrassa le front cette fois.

- Restes allongée ici, je vais aller voir Alizea. Je n'en ai pas pour longtemps.

Je me redressa alors et quitta la chambre -refermant la porte au passage- et marcha jusqu'au salon où attendait toujours ma collègue de travail. C'est à ce moment-là que je me rendis compte de la scène que nous venions de lui offrir, Liz et moi, et mes joues se tintèrent légèrement de rouge tandis que je me frottais l'arrière du crâne.

- Euh... Désolé pour tout ça...

Je m'apprêtais à sortir un petit discours sur le fait que c'était quelque-chose d'assez habituel chez Liz, mais le fait de me retrouver seul avec elle me rappela quelque-chose. Quelque-chose qu'il ne pouvait dire à personne d'autre. Pas même à sa tutrice. Il ne pouvait pas se le permettre pour le moment, mais sa relation "privilégiée" avec Alizea lui permettrait peut-être d'en savoir plus.

- Alizea, j'ai quelque-chose à te dire, lui annonçais-je, soudain la mine grave. Quelque-chose de très important.

Je lui incita alors à s'asseoir sur le fauteuil et j'en fis de même en prenant place sur le canapé. J'allais prendre une chocogrenouille, mais les souvenirs de ce moment me coupa subitement l'appétit tant mon estomac s'était noué. Même mes mains commençaient à trembler.

- Promets-moi de n'en parler à personne. Je te le demande sincèrement.

Je déglutis, peinant à trouver le courage pour trouver les mots, mais je finis par me lancer à raconter ce que j'avais sur le cœur.

- Il y a un peu plus d'une semaine... Je me suis fait agresser par quelqu'un.

Je pris une longue inspiration, prenant mon courage à deux mains pour pouvoir raconter les événements, et je me lança.

- Ce n'était pas une agression au hasard, cette femme m'avait suivie jusque dans la forêt en pleine nuit pour venir me tuer. Elle en avait après moi, j'en suis certain.

Je me remémora alors des coups de feux qui se mirent à bourdonner dans mes oreilles comme si j'y étais. Une goutte de sueur perla sur mon front pour descendre jusqu'à l'arrête de ma mâchoire.

- Mais le plus étonnant, c'est que ce n'était pas une sorcière. Elle avait voulue me tuer avec une arme à feu. Tout porte à croire qu'il s'agissait... d'une Moldue.

Je posa alors mes coudes sur mes genoux, et croisa mes doigts en posant mon menton dessus, adoptant une posture pensive, cherchant à me remémorer les moindres détails de l'attaque, peut importait la douleur que j'en éprouvais. Et la présence de Liz à seulement quelques mètres de là n'arrangeait pas les choses, même si elle ne devait pas entendre nôtre conversation de là où elle était.

- D'après moi, quelqu'un l'a envoyée. Quelqu'un qui m'en veut. Mais je n'ai pas réussi à savoir qui. Je m'en suis tiré de justesse... mais une chose est sûre...

Je déglutis à nouveau, redoutant ce que j'allais dire tant la véracité de ces propos m'effrayaient.

- J'ai pu survivre grâce à l'effet de surprise cette fois-là. Mais la prochaine fois... je n'aurais pas cette chance.

- On a rarement une deuxième chance, répondit Alizea sur un ton presque absent, pensif. Pour commencer, il va falloir sécuriser ton appartement. Celui ou celle qui t'en veut pourrait utiliser Liz pour t'avoir.

Quelque-chose se déclencha en moi. Un engrenage venait de s'ajouter dans la complexité de mes réflexions, et faisait tourner la machine d'une manière totalement différente. Liz... Je n'avais pas réalisé qu'elle était autant en danger que moi. Bon sang... Et ce qui était le plus étonnant, c'est qu'Alizea avait eu le réflexe de préconiser la protection en premier lieu. C'était loin de m'avoir traversé l'esprit. Elle avait pensé à ma... non, à nôtre protection avant toute chose. Chose qui ne m'avait pas même effleuré l'esprit. Et cela me frustrait. J'avais l'impression que, quelque-part, j'avais échoué en tant que petit-ami de Liz (je détestais ce mot, mais je n'en trouvais pas d'autres). J'écoutais Alizea, et même si j'arrivais à assimiler ce qu'elle me disait, une tempête se déchainait dans mon esprit. Une tempête de pensées qui m'accablaient de mon erreur. L'erreur de ne pas avoir pensé à sa sécurité. Je m'en voulais terriblement. A un tel point que j'en serrais les poings à m'en faire blanchir les phalanges.

- As-tu songé à utiliser une glace à l'ennemi ?, poursuivait-elle. C'est un vieux truc, mais il fonctionne toujours.

Je secouais lentement la tête, les yeux fermés.

- J'y ai pensé, mais ça ne fonctionne pas avec moi.
- Cas pratique, enchaina-t-elle. Tu as pour mission d'investiguer sur l'attaque dont tu as été victime. Que fais-tu ?

Nouveau déclic. La tempête qui se déchainait en moi se faisait balayer par un raz-de-marée. Un tsunami de connaissances qui venaient de remonter à la surface de mon esprit, et qui balayait tout le reste. Agir d'abord. Protéger. Protéger Liz. C'était tout ce qui importait. Et ce nouveau cataclysme me faisait défiler toutes les connaissances que j'avais accumulé ces derniers mois. Tout. Je ne le voyais pas, mais à ce moment-là, une flamme dansait dans mes yeux blancs. Mon esprit s'était verrouiller sur une nouvelle volonté. Une volonté implacable et aussi solide que le plus dur des diamants. Protéger Liz.

- Je dois retourner sur les lieux et retrouver des indices.

Soudain, une partie de cet incident remonta jusqu'à moi. Une sensation. Je m'en souvenais parfaitement. Comme si je le tenais encore dans la main.

- J'ai pu tenir son arme à feu pendant un moment. Je connais quelqu'un qui pourrait peut-être m'aider à l'identifier, pensais-je à voix haute.

Je réfléchissais à plein régime, cherchant comment je pouvais remonter jusqu'à mon agresseuse, et donc par extension son commanditaire. C'était une moldue, elle devait donc se trouver hors des territoires magiques. Cela me compliquait la tâche, par-ce que ça impliquait une très grande discrétion de ma part pour ne pas utiliser la magie. Elle aurait donc l'avantage du terrain. Je devais la prendre par surprise, quand elle s'y attendra le moins. Ça n'allait pas être facile... D'autant que je n'allais pas pouvoir la pister à l'odeur, les événements étaient trop vieux pour qu'elle soit restée sur les lieux. J'allais devoir redoubler d'efforts. Mais tant que Liz n'était pas en sécurité, j'étais prêt à plonger jusque dans les tréfonds de l'enfer.

Je me levais et tendis le bras vers ma collègue de travail.

- Merci, Alizea. Pour les oreilles à rallonge, et tes conseils. Je te revaudrais ça.

hrp:

- Je t'en prie. Envoyez-moi un hibou si vous avez besoin de moi, tous les deux. Je trouverai le temps de vous aider.

Je hocha la tête pour acquiescer. J'appréciais sa discrétion, le fait qu'elle ne m'ait pas conseillé d'aller voir la police magique prouvait qu'elle tiendrait parole. Je l'en remerciais silencieusement.

- A bientôt Liz... N'hésites pas à m'envoyer un hibou !, cria-t-elle
- Pas d'problème, à bientôt !, lui répondit Liz depuis la chambre.

J'entendis alors Alizea quitter l'appartement sans un mot de plus. Je me retrouvais seul dans le salon. Je restais ainsi, debout, devant la cheminée, plongé dans mes pensées. Oui, je voulais protéger Liz... C'était ma décision. Si il lui arrivait quoi-que ce soit, je ne pourrais jamais me le pardonner. Si il arrivait malheur par ma faute... Est-ce que je pourrais vivre avec cette culpabilité sur le dos ? J'en doutais fortement... Tandis que je réfléchissais à comment éviter que cela n'arrive, je l'entendis approcher à pas lents, puis se coller contre moi. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise.

- Je suis contente que tu sois rentré plus tôt. Même si la situation où tu nous as trouvées était des plus gênantes.
- ...Liz ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne dois pas te lev...

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu'elle scella mes lèvres d'un baiser qui me fit taire aussi sec. Comme si elle cherchait à me faire taire volontairement, qu'elle ne voulait pas que je parle de ses jambes. Je lui avais dit de rester allongée dans la chambre pour ménager ses jambes, pourquoi était-elle venue jusque dans le salon ?

- De quoi avez-vous parlé tout ce temps ? Pas de travail, j'espère.

J'ouvris la bouche, mais la referma au bout d'une seconde. Je ne savais quoi lui répondre. Je ne savais pas si je devais lui mentir, et lui inventer une histoire pour ne pas l'inquiéter, ou si je devais lui dire la vérité. Après tout, elle le méritait, non ? Et puis... Je me sentais mal de devoir lui cacher quelque-chose. Je lui avait révélé mes plus grands secrets, ceux qui me pesaient sur le cœur lorsque j'étais à Poudlard, et que je me démenais à cacher aux yeux de tous. Et elle en avait fait de même pour moi. Elle me faisait confiance, et je le savais. Je me sentais coupable de lui cacher ça, et de trahir cette confiance aveugle. Mais... Je ne pouvais pas lui infliger ce fardeau non plus. Je ne pouvais pas l'entrainer dans ce monde qu'était le mien. Je ne pouvais pas me le permettre. Un dilemme s'imposait à moi, et dans tout les cas, quelque-chose de mal arriverait. Je ne savais que choisir.

- Attention, vu la classe qu'elle a je pourrais me sentir jalouse si vous faites trop de messes basses !

J'émis un sourire, mais il fut plus las que je ne le pensais. Heureusement que je la tenais dans mes bras, et qu'elle ne voyait pas mon visage à ce moment-là. Elle aurait tout de suite compris que quelque-chose n'allait pas. Elle était comme ça. Elle connaissait tout de moi. Tout comme je connaissais tout d'elle. C'était ainsi. Cela ne fit que renforcer la culpabilité que j'éprouvais à lui cacher ma mésaventure. Mais je ne pouvais me résoudre à lui révéler la vérité. Je préférais la voir souriante, innocente et pleine de joie de vivre. Comme elle l'avait toujours été. Lui avouer la vérité, ce serait briser l'espoir qu'elle reste ainsi. Et je ne voulais pas de ça. Pas elle.

- Est-ce que tu pourrais me trouver son adresse s'il te plaît ? Je l'aime bien et je pense que nous pourrions devenir amies toutes les deux.
- Ouais... Je lui demanderais la prochaine fois que je la croiserais.

Je la serra alors un peu plus entre mes bras, appréciant le contact qu'elle m'offrait. Cette vie... Si fragile... entre mes mains... Je devais la protéger. Peu importait les moyens. Je retrouverais cette femme, je retrouverais son commanditaire et... Et je... Non, je ne devais pas avoir ce genre de pensées. Cela n'arrangera pas la situation si je commettais un acte irréparable. Et ce serait même encore pire. Je ne pourrais plus me retrouver en face de Liz si cela arrivait. Pris d'une soudaine volonté, je m'abaissa, et passa mon bras sous ses jambes, gardant mon autre bras derrière son dos, et la souleva comme une princesse. Comme cette fois-là, où nous nous étions retrouvés. Dans tout les sens du terme. Je l'emmena sans un mot jusqu'à ma chambre, la déposa à nouveau sur le lit. Je fus prit alors d'une hésitation. Je comptais m'entrainer sur le sac de sable le temps que la douleur aux jambes de Liz s'atténue, mais maintenant que nous étions ainsi, l'un sur l'autre, j'avais une folle envie de la prendre dans mes bras, et de me perdre dans son contact. De la prendre dans mes bras, et de ne plus jamais la lâcher. L'entourer de mon grand corps, et la protéger de tout les dangers qu'il y avait dehors. Protéger, ou contre-attaquer... Je ne savais que choisir...

Subitement, je me pencha sur Liz, et l'embrassa passionnément. Comme si ce baiser était le dernier.

J'avais choisi d'aimer.

Ses lèvres... Leur douceur... Jamais je ne pourrais m'en lasser, même si je le voulais. Leur texture hantait mes rêves, et lorsque je les quittais, mon seul désir était de les retrouver le plus tôt possible. De m'y perdre. De m'y noyer. Et puis son odeur... Elle m’enivrait à m'en faire presque tourner la tête. Cette odeur que je pouvais suivre jusqu'à l'autre bout de la planète. Jusque dans les étoiles et l'infini. Cette odeur que je ne voulais pas perdre. Jamais. Cette peau que je voulais toucher chaque centimètre carré. Caresser de mes propres mains. Sa voix qui sonnait chez moi comme un chant paisible. Un chant de sirène qui pourrait faire dériver le bateau de ma raison. Qui pourrait me faire soulever les plus grandes montagnes, et ouvrir l'océan en deux. Ses cheveux. Ses lèvres. Ses doigts. Tout. J'aimais tout en elle. Que ce soit son corps, sa personnalité, sa maladresse. Absolument tout. Je m'étonnais encore que j'avais pu passer sept ans sans que je n'éprouve de sentiments pour elle, et en avoir d'aussi forts aujourd'hui. Comme si elle avait été faite pour moi. Je ne voulais pas la perdre. Jamais.

Je sentis ses bras s'enrouler autour de moi, ce qui me tira un frisson. Un frisson de plaisir, mais également... d'appréhension. Mon instinct me soufflait que quelque-chose n'allait pas. Elle n'allait pas bien. Sentait-elle que quelque-chose ne tournait pas rond ? Se doutait-elle de quelque-chose ? Je n'en savais rien. Je n'arrivais pas à deviner ce qu'elle savait et ce qu'elle ignorait. Et il s'avérait que lui cacher qu'elle pouvait être en danger devenait de plus en plus dur au fil des secondes. Je me sentais mal de devoir le lui mentir. De lui cacher quoi que ce soit. Nos lèvres s’entrelaçaient mutuellement, l'un cherchant le réconfort chez l'autre dans une harmonie parfaite. Nous finîmes par les séparer, presque douloureusement. Et comme je le pensais, j'avais à nouveau envie de m'y plonger. De m'y noyer.

- Tu sais que je t'aime, n'est-ce pas ?

Quelque-chose clochait dans cette phrase. Elle ne sonnait pas juste. Elle semblait... confuse. Comme si dans ces mots, il y avait une autre signification. Quelque-chose de bien plus profond. De bien plus... sinistre. Je n'avais aucune preuve de ce que j’avançais, mais mon instinct me le hurlait à pleins poumons. Et je me fiais à mon instinct. Comme je l'avais toujours fait. Seulement, je n'avais pas la moindre idée de quoi il s'agissait. Et cela me frustrait. Je n'étais peut-être pas le meilleur pour aider à remonter le moral, ou résoudre quelconques problèmes psychologiques et mentaux. J'avais déjà du mal à résoudre mes propres maux, comment pourrais-je soigner ceux des autres ? Mais même sans ça... Je voulais savoir. Savoir pourquoi elle n'était pas comme d'habitude. Je voulais savoir.

- Liz...

Je m'apprêtais à lui demander ce qui n'allait pas, mais quelque-chose m'en empêcha. Comme une boule qui se formait dans ma gorge, et qui m'empêchait de prononcer le moindre mot. Je restais donc ainsi, la bouche entrouverte, prêt à sortir des mots qui ne venaient pas. Je la referma alors au bout de quelques secondes, en étouffant un soupir de frustration. Je n'y arrivais pas. Je ne savais pas pourquoi, mais je n'arrivais pas à me résoudre à lui demander ce qui n'allait pas. Comme si... comme si en lui demandant, je savais que quelque-chose allait se briser. Je ne savais pas exactement quoi, mais j'en avais presque la certitude. Et cela n'aurait été agréable ni pour elle, ni pour moi. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, et mon corps semblait presque transpirer de sueurs froides. Par Voldemort, je détestais cette sensation ! C'était comme si je marchais sur un terrain miné !

Mais...

Quelque-chose semblait se frayer un chemin jusqu'à moi. Une sorte de... lueur dans mon esprit. Quelque-chose d'informe, vaguement lumineux et incertain. Mais qui attirait toute mon attention. Je me concentrais dessus, comme à une corde qui serait apparu au milieu d'un précipice dans lequel j'étais en train de tomber. Cette... chose semblait prendre forme au fur et à mesure que je tentais de déceler ce que c'était. Elle prenait de plus en plus de place, brillait de plus en plus. Mais je ne savais toujours pas ce que c'était. Et pourtant, je m'y accrochais comme si... comme si ma vie, comme si NOS vies en dépendaient. Alors, tout à coup, cette chose s'illumina tout d'un coup, et balaya tout mes doutes comme une rafale de vent. Non, plus que ça, comme si tout était baigné dans la lumière. Alors je compris. Le terrain de mine dans lequel je marchais n'existait plus. Il n'y avait plus qu'une route. Une route de lumière éclatante sur lequel je me tenais, et dont le bout du chemin filait jusqu'à l'horizon. Jusqu'à l'infini. Je fis le premier pas sur ce chemin. Avant de m'y élancer à toutes jambes. Implacable.

Je compris.

- Liz... Épouses-moi !

Mes yeux s'étaient plantés dans les siens. Je ne les voyais pas, mais je savais où ils se trouvaient à cet instant précis. Et même si je ne pouvais pas voir les siens, je voulais qu'elle puisse voir les miens. Qu'elle comprenne elle aussi. Ma main passa sur sa joue, irradiant d'une toute nouvelle chaleur.

- Épouses-moi !, répétais-je, un ton plus fort. Deviens ma femme ! Marions-nous !

Je me rendis compte alors de ce que j'étais en train de dire, ce qui m'empourpra légèrement. L'arrière de ma tête se mit à me démanger, mais je me retins de me gratter, étant donné ma position qui me demandait mes deux bras pour tenir en équilibre si je ne voulais pas écraser Liz.

- Euh... J'ai pas de bague... Enfin... Je voulais t'en offrir une... Mais... C'est venu comme ça... J'irais en acheter une plus tard, je te le promet ! Mais... enfin...

Je n'arrivais plus à trouver les mots, me rendant compte du ridicule de la situation. Je ne comptais pas faire ça aussi subitement, et de manière aussi... bête. En fait... Je ne comptais pas faire ça avant un peu plus de temps. En y réfléchissant, c'était tôt. Mais... j'en ressentais le besoin. Je n'arrivais pas à me l'expliquer autrement...

Mon cœur ne tenait plus en place, et ne demandait qu'à sortir de ma poitrine. Je devais me forcer à respirer correctement pour ne pas m'emballer. Si j'avais encore ma vue, je ne saurais probablement plus où regarder à cet instant.

hrp:

La peur me tétanisait. Mes muscles étaient paralysés, me forçant à l'immobilité autant que si on m'avait lancé un Petrificus Totalus. Elle me paralysait d'une telle force que j'avais même l'impression qu'elle ordonnait à mes poumons de s'arrêter de respirer. Heureusement pour moi ce n'était pas le cas, mais ce n'était pas bien loin. Plus les secondes passaient, et plus mon cœur bondissait hors de ma poitrine, prêt à exploser. Jamais je n'avais eu autant peur de ma vie. Ou plutôt... Jamais je n'avais ressenti de peur comme celle-ci. Avant, j'avais beaucoup eu peur. Quand je fuyais ces bandits le jour de la mort de mon père. Le soir de ma première transformation en loup-garou. Le jour où je pensais avoir perdu Liz. Et plus récemment, quand j'avais failli me faire tuer par cette assassin. C'était sans doute pour ça que le choixpeau magique avait décidé de m'envoyer à Poufsouffle plutôt qu'à Gryffondor. Je n'étais pas courageux. Ma peur restait toujours encrée en moi, sans que je ne puisse la surpasser. Le loup à l'intérieur de moi me faisait toujours peur. J'avais encore peur de blesser ceux qui m'étaient chers. J'avais peur de mon avenir.

Et j'avais peur qu'elle me dise non.

Elle se mit à rire.

Je restais confus. Je m'attendais à à peu près toutes les réactions, surtout celles que je craignais le plus, mais certainement pas à celle-là. Et je ne savais pas ce que ce rire signifiait. Est-ce qu'elle... se moquait de moi ? Est-ce qu'elle pensait que c'était une blague ? Non, impossible, elle me connaissait trop pour savoir lorsque je plaisantais, et lorsque j'étais sérieux. Et là, en l’occurrence, j'étais tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Alors quoi ? Était-ce nerveux ? Je n'arrivais pas à le définir. Et c'était terriblement angoissant. Mon instinct me disait que ce n'était rien, mais pour une fois, mon corps n'écoutait pas mon instinct. J'étais figé, en attente d'une réponse claire. Et elle me répondit en m'embrassant.

A ce moment-là, je compris.

Je sentais dans son baiser tout l'amour qu'elle portait pour moi, cet amour qui allait au-delà des frontières du possible. Au delà de l'infini, et de l'ailleurs. Tout cet amour... Rien que pour moi. Et le mien pour elle. Harmonie suprême et parfaite.

- Oh, oui. Je t'aime tant, bien sûr que c'est oui !

A ces mots, toute la tension de mon corps et de mon esprit vola en éclat. Comme si elle était devenue volute de fumée et avait quitté mon corps en s'envolant dans les airs. Elle se mit à rire à nouveau. Un rire si beau qu'il vibrait jusqu'à mon cœur. Un rire que je finit par rejoindre. Ma peur s'était remplacée par le bonheur. Un bonheur qui était si grand, si puissant. Si à l'avenir, je devais invoquer un patronus avec le souvenir de ce moment précis, ce ne serait plus un loup qui apparaitrait au bout de ma baguette, mais le loup géant de la mythologie nordique Fenrir, capable d'avaler le soleil d'un coup de crocs. Ce qui résumait plutôt bien ce que je me sentais capable de faire à ce moment-là.

- Qui a besoin d'une bague ? T'avoir toi me suffit amplement.

Comblé de bonheur, je lui rendis son baiser, plus passionné que jamais. Mes sensations explosaient dans mon esprit, me délectant d'une saveur à son paroxysme que je savourais le plus possible. Ces lèvres qui désormais allaient être miennes jusqu'à l'éternité. Et plus encore. L'idée de cette perspective ne me déplaisait guère, c'était même tout le contraire. Je savais que ce n'était pas une erreur, et que jamais, ô grand jamais je ne regretterais mon choix. Je le savais au plus profond de moi, bien plus que si c'était mon instinct qui me le soufflait. C'était une évidence. Une vérité qui transcendait la raison et le destin.

- Tu es ma vie, mon amour...

Un sourire béant s'affichait sur mes lèvres, m'arrivant jusqu'aux oreilles. Par la moustache de Merlin... Jamais je n'avais été aussi heureux ! J'avais envie de hurler à la lune tout le bonheur qui se déversait en moi, de hurler à quel point je l'aimais. A quel point je voulais la rendre heureuse. Hurler, tout court. Je me perdais dans la douceur de ses lèvres, dans la tendresse de sa peau, dans la souplesse de ses cheveux, dans la chaleur de son corps. J'étais si heureux qu'une larme se mit à perler au coin de mon œil, pour descendre le long de ma joue, et s'arrêter à l'arrête de ma mâchoire avant de tomber sur la joue de Liz. Je tendis alors mon autre main et l'enleva d'une caresse du pouce. Si heureux...

Je ne pu m'empêcher, au plus profond de moi, d'avoir une pensée pour mon père à ce moment précis. Me voyait-il, d'où il était ? Si tant était qu'il était vraiment quelque-part... Serait-il fier de moi si il était encore en vie ? Oui, j'en étais certain. Il aurait posé sa grande main sur le sommet de ma tête, et m'aurait tendrement ébouriffé les cheveux. Comme il l'avait toujours fait lorsqu'il était fier de moi. Comme lorsque j'avais volé sur un balai pour la première fois. C'est le souvenir le plus fort que j'avais de lui à ce jour. Son visage... Souriant au possible, les yeux pétillants de fierté... Jamais je ne l'oublierais. Ah... Il allait falloir que je l'annonce à ma mère. Et à ma sœur, par la même occasion. Je me demandais comment elle allait réagir. Emilie serait probablement folle de joie. Ma mère... Je pense qu'elle serait contente pour moi également. Elle connaissait Liz, et elle l'appréciait beaucoup. Je ne pensait pas qu'elle s'y opposerait.

Bah... Peu importait... Je l'aurais épousée même si toutes les forces de l'univers s'y opposaient, car je me sentais tout à fait capable à ce moment-là de les repousser.

- Liz... Je t'aime tant...

Ces mots avaient peut-être l'air banals, mais j'avais mis dans ces mots toute la force de mes sentiments pour elle. Tout mon amour. Toute ma passion.

Tout mon être.