Un éclat de rire.

- Ça alors ! Quelle imagination ont les nouveaux élèves de nos jours ! C'est stupéfiant !!

Eileen ne savait pourtant pas si elle devait se sentir soulagée ou non. Autour d’elle les élèves semblaient d’être détendus mais le rire de Morgane n’appelait pas à l’amusement général. Ses paroles qui suivirent ne contredirent pas cette impression.

- Moi ? Avoir un quelconque parent moldu ?! Eileen, ma chérie, si c'était le cas, je serais bien loin de ce que je suis aujourd'hui... Et probablement que je serais couverte de honte.
Aucune chance d'avoir ce genre de "tard" dans ma famille... Non, aucun moldu et encore moins des sang de bourbe.

Whoah ! Au moins on ne pouvait pas lui reprocher d’être hypocrite. La petite nouvelle leva les sourcils, surprise de ce discours. Elle savait que certaines personnes étaient plus tolérantes que d’autres. Après tout, tout le monde pouvait trouver une raison, une particularité ou un détail qui le poussait à rejeter quelqu’un ou un groupe. Elle savait que parmi les sorciers la notion de sang-pur existait et que certains la prisaient tout particulièrement, après tout, sa propre grand-mère, même si elle n’était pas extrême dans ses propos, semblait avoir une préférence pour les sorciers nés de sorciers eux-mêmes nés de sorciers. Son père lui avait expliqué qu’elle avait été élevée dans cette idée et qu’on ne pouvait changer les gens, surtout sur de tels sujets. Seule la vie pouvait s’en charger.

Eileen avait aussi appris, par son professeur particulier de culture générale, que plusieurs guerres avaient été déclarées de par le monde dans une volonté « d’épuration ethnique ». Que ce soit chez les sorciers ou même entre moldus. Dans le monde magique, la dernière en date avait été assez récente et la jeune fille avait réalisé, avec étonnement, que ses parents en avaient été témoins. Ils n’en parlaient toutefois jamais. Tout ce qu’elle savait venait de cet enseignant qui lui avait conté ces faits de manière générale en énonçant que cette dernière guerre avait fait beaucoup de victimes essentiellement pour les moldus et sorciers nés moldus. Il avait conclu qu’à son issue le ministère de la magie avait beaucoup changé. Elle-même n’abordait jamais le sujet et c’était la première fois qu’elle était confrontée à ces opinions extrêmes que son professeur avait dit désormais éteintes.
Un peu gênée et ne sachant pas que faire de ces mots, elle avala sa salive un peu trop bruyamment.

- Bien, il commence à se faire tard et certains nouveaux on fait un long voyage pour arriver dans cette belle école. Les premiers années, je vais vous montrer notre salle commune, un endroit qui n'appartient qu'à nous et là où se trouvent vos chambres. Veuillez me suivre.

La préfète s’était levée et tendit sa main à la petite demoiselle. Un peu hésitante, cette dernière se décida finalement à la prendre. Elle craignait de commettre un nouvel impair. Elle avait beau ne pas se considérer comme socialement anxieuse, elle était tout de même dotée d’un minimum de timidité qui se révélait vraiment devant la présence de la jeune femme aux cheveux presque blancs.

Elle se secoua un peu mentalement et tenta un sourire poli vers la préfète. Pourquoi, cependant, toute cette attention lui était dédiée personnellement ? En temps normal elle n’était pas contre être remarquée, mais, au vu de ses maladresses, elle préférerait soudainement qu’un autre élève posât des questions mal placées. Elle commença toutefois à se détendre un peu devant l’excitation qu’elle avait à découvrir les quartiers généraux de la maison. L’autre préfet Serpentard s’était également levé pour les accompagner mais Eileen n’y fit pas attention. A vrai dire, l’aura de Morgane le masquait très nettement.

- Tu as beaucoup à apprendre, mais tu es là pour ça... Je veillerai à ce que tes doutes deviennent des certitudes et que tu t'épanouisses comme il se doit, Eileen.

L’intéressée hocha la tête avec un sourire qui se voulait reconnaissant. Eileen ne savait pas encore si elle avait tant envie d’apprendre que cela. L’idée de suivre les conseils de la préfète pour être aidée et guidée parmi les mœurs du château n’était pas pour lui déplaire mais le « comme il se doit » de Morgane lui laissait un sentiment de malaise qui lui glaçait le dos.
Ensemble, première années et préfets se dirigèrent vers les escaliers qui descendaient aux cachots.
 

HRP: