Il était encore tôt, le soleil se levait à peine à vrai dire, mais déjà une ombre se faufilait à l'extérieur du château. L'ombre s'arrêta, semblant vérifier de chaque côtés que personne ne la suivait et sortit quelque chose de ce qui semblait être l'enveloppe qui la recouvrait. On ne pouvait pas vraiment dire que l'ombre avait une forme précise. C'était un mélange d'un tas informe sur deux petits bâtons. Chacun des bâtons étaient comme articulés et pourvus en leur extrémité de chaussures. Un espèce de fil épais s'échappait du tas et semblait voleter dans la brise matinal. Un frisson parcourut la forme indistincte qui s'arrêta de marcher lentement.

Il faisait froid. Très très froid. Et le vent qui passait dans le manteau du muet n'était pas là pour arranger la chose. Le jeune homme resserra son écharpe qui s'était encore enfuie du manteau et referma celui-ci. Le manteau était auto-chauffant, grâce à son parrain qui lui avait jeté un sort. Mais c'était sans compter sur la brise qui s'infiltrait dans  le moindre espace, remontant les manches trop larges pour le muet et venant mourir sur le cou du muet avec un horripilant malice. Ces petits coups venteux laissaient le muet frissonnant encore et encore durant quelques minutes puis Link reprenait son chemin. Une fois arrivé aux serres, le froid de l'hiver ne l'atteindrait plus. Mais fallait-il encore se souvenir où celles-ci étaient! Encore une fois le sens de l'orientation déplorable du muet  lui jouait des tours. Heureusement qu'il avait apporté sa carte. D'ailleurs celle-ci se retrouva bien vite dépliée dans ses mains. Le jeune homme fronça des sourcils. Comme il le pensait, il s'était éloigné de sa destination finale. Il avait  même migré de l'autre côté du parc. Un sourire un peu gêné, un peu idiot étira les lèvres de Link alors qu'il rangeait sa carte et faisait demi-tour. Entre deux coups de vents qui le laissaient tétanisé de froid, le muet avançait. Il soupira de bonheur quand il sentit le premier rayon de soleil sortir de la brume matinale pour s'échouer sur le dessus de son crâne, comme une douche salvatrice de soleil. Il fut encore plus heureux lorsqu'il se retrouva devant les serres, la petite clé permettant de les ouvrir en main.

Une fois à l'intérieur, entre les parois de verre, Link se détendit. Un large sourire content s'étira sur son visage alors qu'il se débarrassait de tout son barda. Quelle bonne idée que de venir s'isoler dans les serres tropicales ! Bon en  réalité, elles n'étaient pas si tropicales. Elles étaient juste là pour garder les espèces magiques ou non qui avaient besoin d'une grande chaleur à l'année. Autant dire que cette endroit était l'endroit le mieux chauffé du château. Le jeune homme fit le tour de lui-même lentement et regarda les espèces magiques côtoyer cactus et palmiers dans un calme certain. La plupart des élèves étaient surpris de voir des bégonia, des plantes succulentes ou même des roses dans les serres magiques de Poudlard. Link aussi avait été surpris, étant plus jeune, lorsque son premier devoir de botanique était une recherche sur les vertus de la marguerite et ses effets sur le moral. Il avait appris beaucoup avec ces plantes moldus et si jolies ainsi que ces plantes magique si particulière. C'était d'ailleurs pour ceci qu'il était là, pour s'occuper des plantes.

Ce n'était pas la première fois que Link venait au petit matin se réfugier dans les serres. La première fois qu'il l'avait fait était due à une fuite et à sa perdition. Il avait croisé la petite Serpentarde de sixième année qu'il voulait toujours éviter et avait fui puis s'était retrouvé à l'extérieur de Poudlard, complètement perdu. A cette époque là de l'année il ne faisait pas aussi froid et Link s'était juste baladé dans le parc, ses pas le guidant tout en ne l'amenant nulle part. Puis il était tombé sur une serre, la porte grande ouverte et y était entré. La serre était merveilleuse. Petite de l'extérieur, il semblait alors au muet qu'elle se tenait sur des kilomètres. Il ne se souvenait plus exactement combien de temps il était resté là, respirant le parfum des fleurs, savourant la beauté des plantes et la sérénité qu'elles apportaient. Et bien évidement, le professeur Londubat l'avait trouvé là, le nez dans une rose blanche, un sourire extatique sur le visage. Bien sur, les professeurs étaient au courant pour son handicap et pourtant Link ne s'était pas senti en danger avec le professeur de botanique. Après une discussion étrange mêlant compréhension de regards, parole (pour le professeur) et écrit, Link s'était retrouvé avec un double des clés des différentes serres dans ses mains. Ce n'était pas gratuit bien sur et le muet devait s'arranger pour venir s'occuper des plantes au moins une fois par semaine, ce qu'il faisait avec un réel plaisir.

La raison de sa venue dans ces lieux aujourd'hui était cependant totalement différente. En effet, il était venu s'occuper des petites plantes il y a deux jours. Cependant le jeune homme se sentait tendu et stressé. Depuis presque deux mois il ne pensait presque plus qu'à une chose. Il ne pensait presque plus qu'à une personne. Une personne aux yeux d'un vert intense et au regard inquisiteur. Une personne au fort caractère mais qui pouvait aussi se montrer sensible, triste et vulnérable. Une personne aussi envoûtante qu'une rose blanche.

Morgane Taylor.

Cette fille était étrange. Réellement. Sans le vouloir et en deux rencontres, elle avait su réveiller des tonnes de sentiments en Link. Quand il pensait à elle, ce qui arrivait plutôt souvent en ce moment, tous ces sentiments tourbillonnaient dans son estomac et une fleuve de guimauve se déversait dans sa tête. Il s'en sentait presque malade. Dans le mois, après un de ces étranges moments il était allé à l'infirmerie mais aucune maladie n'avait été détectée. À ce moment là, l'inquiétude avait atteint son maximum. Link avait eu peur. Peur de quoi ? Et bien peur de se retrouver encore plus monstrueux qu'avant, d'avoir encore un truc qui n'allait pas chez lui.

Bien évidemment, il n'était pas question de rester dans le doute. Le muet avait commencé à faire des recherches et avait envoyé une lettre à sa mère ainsi qu'une à son parrain. Dans la lettre à Crystal, il parlait surtout du bal qui aurait lieu à Noël, de ses doutes par rapport à celui-ci (il n'avait pas très envie d'y aller, lui confiait-il) et des rencontres qu'il avait faites. C'était parce qu'il ne voulait pas inquiéter sa mère qu'il n'avait parlé des différents symptômes qu'à son parrain. Alek était comme un père pour lui et, étrangement, il ne se sentait pas gêné de lui confier tout ceci. Les deux réponses n'avaient pas tardé à arriver. Crystal lui avait envoyé un costume pour le bal accompagné d'un masque. Le tout était accompagné d'un «Amuse toi bien ! » qui  interdisait toute objection. Quand à la lettre de son parrain, celle-ci avait surpris le muet. Ce n'était pas dans l'habitude de son parrain de lui répondre si brièvement. Link avait trouvé dans l'enveloppe un parchemin plié à la va-vite. Sur celui-ci : deux phrases. La première était depuis un sujet très casse-tête pour le muet. Quand à la seconde, ce « Séduis-la ! », celle-ci l'avait troublé aussi légèrement. Peut-être n'aurait-il pas dû parler des fleurs à son parrain ?

Comment ça quelles fleurs ? Et bien... Et bien depuis ce dimanche ensoleillé où il avait vu la jeune fille brisée par un chagrin d'amour, le muet s'était mis à lui envoyer des fleurs. Ça lui était venu sans vraiment qu'il le veuille. Il s'était dit que peut-être la jeune fille serait réconfortée par celles-ci. Le jeune homme connaissait le langage des fleurs. Il connaissait également leur vertu apaisante et aurait voulu que la jeune fille ne soit plus chagrinée le plus vite possible. C'était ainsi que ça avait commencé. Un matin semblable à celui-ci, le jeune homme était sorti, se dirigeant vers les serres et avait envoyé ensuite une fleur à la jeune fille accompagnée de son nom et d'une petite phrase. La première avait été une Zinnia, signe qu'il pensait à elle et qu'elle n'était pas seule. Les autres avaient rapidement suivi. Le tout était devenu comme une routine qui ravissait le muet. Il se souvint lui avoir envoyé à la deuxième fois une sauge bleue et une pétunia. Le message était là, semblable au premier, au tout se rajoutez un petit message de courage « Ne désespérez pas ». Le Poufsouffle se plaisait à la soutenir de loin dans sa douleur. Ainsi le troisième bouquet fut envoyé : gerbe d'or, coquelicot et bégonia. Il n'y avait pas de vrai rythme à  l'envoi de ces petits messages de soutien. Parfois une fleur était envoyée, parfois un petit bouquet, au moins un par semaine et parfois deux par semaines. Le jeune homme lui avait également envoyé un Achillée millefeuille, qu'on disait être un remède pour les cœurs brisés.

Puis, au fil des semaines, Link n'avait plus pensé au message, il avait pensé à la fleur et à Morgane. À l'association des deux, à ce qu'elle aimerait recevoir et à ce qu'il aimait envoyer. Cependant, son instinct se jouait de lui, car inconsciemment le langage des fleurs se répétait à lui et l'adolescent choisissait des fleurs qui reflétaient son état d'esprit. Ainsi, il avait envoyé, un jour un bouquet qui reflétait à ses yeux le caractère de la jeune fille : du glaïeul du gui et de la clématite pour sa force de caractère, de l'acacia rose et du jasmin pour sa grâce et son élégance, de la centaurée et des bleuets pour sa délicatesse, et enfin de l'alysson maritime parce qu'il la trouvait belle. Il fini le bouquet avec une rose blanche car depuis le début elles étaient à ses yeux si semblables.

Link ne mangeait jamais dans la Grande Salle, encore moins depuis qu'il envoyait secrètement des fleurs à Morgane. Il ne savait donc pas si ces envois étaient considérés comme intempestifs ou non. Cependant, c'était tant mieux. Car ce qu'il s’apprêtait de faire était aux antipodes de ses habitudes. Même si ne pas savoir le stressait encore plus, voir du dégoût sur le visage de la Serpentarde lorsqu'elle recevait ses bouquets aurait été bien plus déplaisant.

Le jeune homme sortit de la serre chaude pour se diriger vers celle qui abritait les fleurs. La plupart des étudiants ne connaissaient que trois serres. La première était établie pour les cours, la troisièmes pour les travaux pratiques et la seconde était un mystère pour tous les élèves qui allaient de théorie en théorie. En réalité, la seconde serre n'était qu'un débarras pour ranger les outils d'entretiens et les différents pots, potions-engrais et engrais normaux. Les autres serres étaient pour la plupart tout le temps fermées. Mais le Poufsouffle en avait la clé.

Link entra dans la serre aux fleurs et s'arrêta devant la bruyère. La bruyère ou solitude dans le langage des fleurs. Le muet ne trouvait pas cela juste que l'on éloigne cette plante des autres de par sa signification. Surtout que la bruyère était une belle plante. Elle faisait de toutes petites fleurs délicates qui, écrasées, donnaient un très bon colorant naturel. A côté de la bruyère se mêlaient sauge rouge et sauge bleue dans un ondoiement poétique. Il n'y avait pas de vent, ni aucune petite brise mais les deux plantes dansaient ensemble dans un parfait accord. La sauge bleue semblait mener la danse, emmenant l'autre sauge dans un tourbillon invisible, l'incitant à se fondre l'une dans l'autre un peu comme la pensée de l'être aimé qui s'impose à l'esprit. La signification de la sauge rouge semblait évidente dans cette danse sensuelle. D'ailleurs, elle pulsa dans le cœur du muet qui prit un petit ensemble de tige, interrompant la danse et se mit à le couper avec respect.

Link sortit un ruban de sa poche, d'un vert satin qui ne jura étrangement pas avec la couleur de la fleur. Avec sa délicatesse naturelle, le muet fit un joli nœud. Il sortit enfin un parchemin vierge et une plume. Le jeune homme dut s'y reprendre plusieurs fois tellement le stress lui montait à la gorge, le faisant déglutir un peu plus bruyamment que d'habitude, les mains tremblantes d'anxiété. Une fois le tout fait, il enroula le parchemin, glissa les fleurs à l'intérieur et le ferma par un ruban de satin vert, sortant lui aussi de sa poche et semblable au précédent.

Il se dépêcha ensuite de sortir des serres et de se diriger vers la volière. Refermant les portes de verres alors que les deux sauges se remettaient à danser ensemble. Le muet reprit son souffle, une fois entouré de hibou et regarda l'heure. Il était presque midi et, comme il le pensait, il était encore resté des heures avec les plantes. Ce n'était pas la première fois. Il n'eut cependant pas le temps de se pencher la dessus. Les hiboux étaient sur le point de partir. Avec dextérité il se dirigea vers le hibou habituel, qui semblait le comprendre sans que le muet n'ai à faire quelque chose.

Midi sonna à la grosse horloge de l'école alors que Link regardait son message s'envoler, les hiboux s’engouffrant dans la Grande Salle. Le Poufsouffle fit demi-tour pour aller manger aux cuisines. Plus aucun retour en arrière n'était possible.


Pendant ce temps là, un hibou se déposait avec grâce devant l'assiette de Morgane Taylor, faisant extrêmement attention à son paquet. Il posa le rouleau de parchemin d'où dépassaient un petit bouquet de sauge rouge.


« Je vous attendrais au bal. Votre pour toujours »

Les fleurs utilisées dans le rp et leur langage :

Zinnia: Je pense à vous:

Sauge bleue: Je pense à vous:

Pétunia: Ne désespérez pas:

Gerbe d'or: Encouragement:

Coquelicot:consolation:

Bégonia:pensées sincères:

Achillée Millefeuille: Remède contre les coeurs brisés:

Glaïeul:Force de caractère:

Gui: Je surmonte toutes les difficultés:

Clématite:j'aime votre esprit:

Acacia rose: élégance:

Jasmin: Grâce et élégance:

Centaurée: délicatesse:

Bleuet: délicatesse:

Alysson Maritime: beauté:

Rose blanche: Amour pur:

Sauge rouge: Votre pour toujours: