- Bon, fin du cours les jeunes ! Allez, rentrez chez vous, prenez une bonne douche, et à la prochaine !

Ce sont sur ces mots de l'Auror Clavell, accompagnés d'un petit claquement de main rituel, que ce nouveau cours de défense s'achevait. La salle répercutait les échos des souffles qui se cherchaient, et l'atmosphère s'était imprégnée de l'odeur de la sueur et de la douleur. Contrairement au premier cour, j'avais fini par rejoindre mes camarades : j'étais à bout de souffle, mes muscles me faisaient atrocement mal et mon corps était perlant de sueur. J'étais crevé, et j'avais l'impression de fondre tant j'avais chaud. Je roulais des épaules tandis que les autres se précipitaient -quoi que, ce mot était un peu fort vu la vitesse à laquelle leurs douleurs musculaires les bridaient-, et étirais également quelques membres en marchant lentement vers la sortie. Mes bras et mes jambes me piquaient de tout parts, et mon corps était devenu affreusement lourd.

...Mais bon sang, qu'est-ce que c'était bon !

Je crois que je ne ressentais jamais autant de satisfaction après l'effort que pendant ce cours : on en bave physiquement, on pousse nôtre mental dans nos derniers retranchements pour continuer à faire les exercices, et cela pendant près d'une journée entière. Mais on y apprenait toujours plus, et on savait qu'en sortant, on s’endurcissait presque à vue d’œil -façon de parler-. En quelques mois seulement, mon corps avait subi une transformation que j'étais loin d'imaginer. Je me sentais bien plus endurant, plus résistant, et plus puissant aussi. A un tel point qu'aujourd'hui, je ressentais parfois le besoin de me dépenser car de l'énergie s'accumulait en moi, et qu'il fallait que je l’extériorise si je ne voulais pas exploser.

Je rentrais alors chez moi tranquillement, et pendant que je prenais ma douche, je ressassais ce que j'avais appris dans la journée. Cette fois, on ne combattait pas à mains nues, mais avec des couteaux (en caoutchouc, pour éviter les accidents). Je passais ma main dans mes cheveux devenus mouillés, et me remémorait ce moment où Jasper s'était battu contre moi devant le Lac Noir, armé de son couteau de chasse. J'avais eu du bol d'avoir pu le désarmer à temps, sinon je ne sais pas si je m'en serais tiré aussi bien. Et Clavell semblait, sans pour autant le dire de manière distincte, nous inciter à en avoir un sur soi le jour où on partirait en mission, au cas où on se retrouverait désarmé. Il n'avait pas tort, même si ce n'était pas très "propre", avoir une arme était toujours mieux que de ne rien avoir. Même si je ne me sentais pas très à l'aise avec un couteau, qui semblait être un intrus à mon corps, il m'en faudrait sans doute un. Ma petite escapade au Chien Fou me l'avait prouvé. Nous étions vendredi aujourd'hui (pour laisser le week-end aux élèves pour reposer leurs muscles, d'après Clavell), j'avais donc décidé de me rendre à une Armurerie moldue pour me trouver de quoi faire.

***

C'est donc ainsi que j'avais mis les pieds dans "Fire & Steel", une armurerie plus ou moins reconnue de Londres. Elle était légèrement reculée des allées commerçantes principales, mais je comprenais pourquoi. J'avais sur moi une bonne petite somme d'argent, mais je n'avais strictement aucune idée de combien coutait une arme, alors j'espérais avoir prévu assez... Je franchis alors la porte, et une petite clochette retentit en réponse à mon mouvement. J'entends un "Bonjour" lointain m’accueillir, et je réponds en refermant la porte derrière moi. Ce qui me frappait en premier était l'odeur : L'endroit empestait la poudre et le métal. Je ne savais pas vraiment comment ça pouvait sentir, mais après en avoir pris autant dans les narines, j'étais pas près d'oublier. Des pas retentirent vers moi, et au son, je crus reconnaitre le grincement d'un plancher en bois.

- Puis-je vous aider, monsieur ? me demanda une voix assez vieille et gutturale.
- Euh, je... Je cherche un couteau, bégayais-je lamentablement.
- D'accord, me répondit patiemment le vieil homme, quel genre de couteau ?

Je me demandais si il se moquait de moi par-ce que j'avais l'air jeune -ou par-ce que mes yeux et mes cheveux lui semblaient un peu trop familier à son gout-, ou si il était juste poli et que je me faisais des idées. Pour mon égo, je préférais opter pour la deuxième possibilité.

- Un couteau de... combat. Genre... SWAT ou... Marines, si vous voyez ce que je veux dire
- Je vois très bien, me dit-il avec un ton qui me semblait plus gai, comme si ma phrase lui avait donné le sourire. J'ai moi-même fait parti des Navy, vous savez ?

C'est ainsi que commença nôtre petite conversation pendant qu'il m'emmenait lentement au "rayon couteaux". Une fois arrivé devant, l'odeur de métal s'était étonnement intensifié pour le coup, mais d'autres odeurs plus distinctes s'y mélangeaient également, et commençaient à m'irriter le nez. Il vaudrait mieux pour moi que je ne traine pas trop à choisir mon arme, sinon je risquais de chopper une infection nasale avec toutes ces odeurs métalliques. Il m'en tendit un, et cette scène me rappela étrangement l'achat de ma première baguette, où la situation était assez similaire : Un vieil homme qui me présente un outil qui allait devenir le mien, et une forte odeur qui m'emplissait le nez (à l'époque, c'était du bois -et de la poussière, aussi-). Je le saisis délicatement, testa la rugosité de la poignée qui n'était pas mauvaise, passait mon doigt sur le fil de la lame pour déterminer sa forme et son tranchant. Puis je me recule et exécute quelques mouvements que j'avais appris la veille pour l'essayer. Il me semblait un peu lourd, et j'avais la sensation que si je l'utilisais plus longtemps, il allait m'échapper des mains pour aller se ficher dans un mur. Dans le meilleur des cas.

C'est ainsi que je testa plusieurs couteaux, légèrement différents les uns des autres, mais rien ne semblait être adapté pour moi. Le vendeur ne semblait pourtant pas perdre patience, il se contentait d'observer et de me prêter à chaque fois des couteaux qui s'adaptaient à moi au fur et à mesure. Mais rien ne convenait. Même lui s'en apercevait. Mais il ne semblait pas remettre en doute mes capacités de combat au couteau, mais plutôt comme si j'étais un cas particulier, et qu'il aimait prendre le temps de m'analyser pour m'étudier. Une situation légèrement déstabilisante, et un poil embarrassante pour moi.

- J'ai peut-être ce qui vous faut, ne bougez pas je reviens.

Il s'en alla alors Merlin ne sait où, et s'absenta pendant quelques minutes. J'entendais d'autres clients déblatérer sur mon compte, ce qui eu le don de m'empourprer légèrement. Je ne savais pas vraiment où me mettre, alors je fis semblant de promener mes doigts sur des armes qui trainaient dans le coin. Le vendeur finit alors par revenir.

- Essayez ça.

Il me le tendit, et lorsque je m'en empara, je fus immédiatement surpris par sa forme. Il ne ressemblait en rien aux autres couteaux, pour sur. Je le pris alors à deux mains, et analysait sa forme. La lame était recourbée, pointue, et tranchante des deux côtés de la lame, même si l'intérieur semblait avoir plus de marge que l’extérieur. La poignée était ergonomique, et avait laissé trois trous pour y mettre les doigts. La texture était à la fois agréable et agrippante, et elle se terminait en une sorte de petit cerceau. C'était un couteau ça ? Mon visage devait être éloquent à ce moment-là, car le vendeur dû m'expliquer comment le tenir, et s'en servir.

- Ça s'appelle un karambit. Ça vient d'Asie. Sa particularité, c'est qu'elle ressemble à...
- ...une griffe, terminais-je à sa place.

En effet, c'était la sensation que j'avais en la tenant dans ma main. Elle semblait s'y être accrochée, et se prolongeait comme si ma main était devenue... Une griffe. Je retrouvais presque la même sensation que lorsque je me transformais en loup-garou les soirs de pleine lune. Presque. Mais la ressemblance était frappante, à un tel point qu'un frisson me parcourut l'échine jusqu'au sommet du crâne. Je restais ainsi, figé, mais le vendeur fut convaincu :

- Je pense que vous avez trouvé vôtre lame, jeune homme.

J'étais presque prêt à lui répondre que j'avais plutôt la sensation que c'était elle qui m'avait trouvée tant la ressemblance avec Ollivander était troublante. Je passa donc à la caisse pour me le payer, et heureusement le prix était dans mes moyens. J'avais même eu le luxe de payer le fourreau qui allait avec. Comme ça je pouvais l'accrocher sur le harnais que m'avais donné Alizea. Je ne savais pas encore où précieusement j'allais le mettre, mais je finirais bien par trouver.

Pendant tout le trajet du retour, l'envie me démangeait de le sortir de mon sac où je l'avais rangé et de marcher avec dans la main pour jongler avec. Mais je ne tenais pas à me faire arrêter par la police londonnienne. Comment auriez-vous voulu que j'explique la possession d'une telle arme à mon âge à des moldus ? J'étais même pas sur que c'était légitime pour un Auror. Mais tant pis, ce karambit avait l'air d'avoir été fait pour moi, et je ne m'en séparerais pas tout de suite.

Le karambit en question: