Plus je regardais ces couillons s'amuser, plus la situation semblait se gâter. Au fur et à mesure que le temps passait, les gens – de tous âges – agissaient étrangement. Y'en avaient qui courraient partout en poursuivant quelqu'un, d'autres pleuraient pour un rien ou criaient, certains étaient maladroits et d'autres lorgnaient indiscrètement les personnes qui semblaient les intéresser : quelque chose de louche était en train de se passer. Lorsque je daignais de balayer la salle du regard, je vis Raphaël se frayer chemin entre les élèves et le personnel pour venir dans le coin où je me tenais – il avait l'air pressé et relativement inquiet, il était pâle. J'ai haussé un sourcil quand j'ai vu que ses amis étaient bizarres aussi et que ses habits étaient tous débraillés comme si quelqu'un avait essayé de s'accrocher à lui ou de le déshabiller.

— Tu n'as rien, Raven ? Tu as l'air normal, on dirait...
— Merci de t'en inquiéter, Lalanne... Tu as l'air tout aussi normal que moi, on dirait.

J’avais rétorqué assez sèchement, les sourcils froncés.
Si je n'avais pas compris le contexte de sa phrase, j'aurais presque pu croire qu'il me pensait anormal, le reste du temps. J'ai croisé les bras sur mon torse, veillant à ne pas renverser ce qui restait dans mon verre. Le fait que j'appelle mon copain par son nom de famille ne lui avait pas plu – ne lui plaisait jamais, de toutes façons, tout comme le fait de devoir respecter les distances avec moi en public. Étonnement, plusieurs personnes lorgnaient leurs jus de citrouilles en faisant des commentaires inusuels et, tous ou presque tous ceux qui en avaient bu agissaient de façon loufoque, anormale et/ou déplacée. C'était pitoyable. J'étais prêt à parier qu'on avait mit quelque chose dans le jus de citrouille ; je suis heureux de ne pas en avoir prit, ce matin, et je n'ai pas à m'inquiéter pour Raphaël puisqu'il déteste cette boisson.

— Raphaël. Ils ont tous pété une durite, personne ne s'en rendra compte si on est proches. Ils croiront qu'on a disjoncté, nous aussi. se justifia-t-il alors qu'il m'obligeait à décroiser les bras, saisissant une de mes mains.

D'un côté, il avait peut-être raison mais je ne tenais pas à ce qu'on me prenne la tête... Je suis homosexuel, je ne le crie pas sur tous les toits mais je m’assume parfaitement. Toutefois, ce n'est pas une raison pour qu'on s'exhibe... Si ? J'étais pensif, dévisageant les potes de mon cadet : deux se prenaient pour des cervidés et fonçaient l'un contre l'autre afin de se battre pour une fille qu'ils avaient aperçu dans la salle – inutile de préciser qu'ils se donnaient des coups de boule qui me faisaient presque mal –, l'autre dansait comme une autruche autour d'un de ses camarades qui n'arrêtait pas de retourner ses paupières en fronçant le nez comme l'aurait fait un cochon. Il ne se comportait pas comme un animal, c'était à croire qu'il faisait juste des grimaces à quelqu'un, essayant piteusement de le (ou la?) faire rire... Ils faisaient presque peur – c'était tout bonnement blasant.

— Je ne sais pas... Tout le monde n'a pas l'air d'agir anormalement. Par contre, tes amis, eux, ils en ont pris cher. Je suis content de n'avoir aucun lien avec eux. Mais toi tu dois avoir honte.
— Tu me comprends, au moins...
— Malheureusement.

Malheureusement, oui.
J'aurais préféré ne pas en compatir mais, ils me rappelaient un peu Adrian, ces individus sauf que lui, je pouvais le supporter – il était mon ami. Pendant qu'il pensait que personne ne nous voyait, dans notre coin, à l'écart des autres, Raphaël s'était penché vers moi, me caressant le revers de la main du bout de son pouce. Afin que personne ne voit ce qu'il s’apprêtait à faire, il s'appropria d'un ballon et le plaça devant nos visages avant de... me voler un baiser. Ce traître avait profité du fait que j'étais distrait, pensif pour m'embrasser. Et ça l'amusait, en plus... il recommença, une autre fois mais veillant à prolonger le baiser tant qu'il le pouvait. J'avais songé à le repousser mais, si on ne nous remarquait pas, pourquoi pas... ? Je dois avouer que j'y ai répondu. J'ai le droit, non ?

Lorsqu'on en eut fini, je me suis fait une joie d'éclater ce fichu ballon en forme de cœur. Cette décoration me perturbe ! Elle pourrait faire saigner mes yeux, si je venais à y être exposé longtemps. Nous nous sommes redressés et écartés un peu, l'un de l'autre, sans pour autant lâcher nos mains, discrètement entre-lacées derrière nous. Ce n'est que pour aujourd'hui. On ne va pas nous faire chier, si ?

Écoutant plus ou moins vaguement le brouhaha qui se déroulait sous mes yeux aveugles, je termina ma dernière gorgée de jus de citrouille. Je guettais une voix familière, ou plutôt deux voix, mais elles se faisaient attendre. Je déposais mon gobelet vide sur la table du buffet derrière moi et croisa les bras devant mon torse, toujours à la recherche d'un signe qui me confirmerais la présence de Liz ou de Paddy. Mais la foule qui s'amassait dans la Grande Salle ne m'aidait pas vraiment dans ma tâche. D'autant plus que... Je ne savais pas vraiment si c'était une idée de moi, mais l'endroit commençait un peu à s'agiter, non ? J'entendais quelques voix s'élever, des gens se déplacer, d'autres faire des... choses que je ne pouvais pas vraiment identifier. J'arquais un sourcil. Qu'est-ce qui les excitaient comme ça ? Le fait que c'était la St Valentin ? Pourtant pendant mes années à Poudlard, je ne me rappelais pas qu'il y ait déjà eu une telle "effervescence" pendant ce genre de fête. J'entendais même quelques élèves à côté de moi pouffer de rire sur la décoration mise en place spécialement, et qu'elle était soit-disant très "rose". Je haussais les épaules avec un léger sourire, n'ayant jamais vraiment pu comprendre la subtilité des couleurs. Ou plutôt je les avaient oubliés avec le temps. Bon... Liz ou Paddy ne semblaient pas vouloir pointer le bout de leur nez. Autant ça ne me surprenait pas vraiment de la part de Liz, sans doute terrée dans une des serres du château à bidouiller ces plantes infâmes et diaboliques. Mais Paddy ? Aux dernières nouvelles, elle était en 7ème année, donc encore élève dans ce château... Peut-être que ce genre de fête ne lui plaisait pas. Après tout ça n'était pas impossible. Bon... Au pire je pouvais passer voir Liz dans la serre (même si je n'aimais pas trop y mettre les pieds, ayant toujours peur de me faire attraper la cheville par une tige tentaculaire ou autre), rien ne me retenait vraiment ici du coup.

Je quitta donc ma position et me dirigeait vers la sortie, mais cela s'avérait plus difficile qu'à l'entrée : l'arrivée massive des élèves rendait les espaces très étroits, et étant aveugles, j'en bouscula deux ou trois au passage -avec mes excuses, bien entendu-. Néanmoins, avant que je n'atteigne la sortie, une autre poussière agressa mon œil. Ah non, je retire ce que j'ai dit : les DEUX yeux ! Bon sang, y'avait quelqu'un qui s'amusait à me coller un maléfice de conjonctivite dans mon dos ou quoi ?! Et bien si c'était le cas, c'était pas drôle ! Je me frotta les yeux du bout des doigts, tentant de faire partir ces deux poussière qui avaient décidées de me gâcher la journée. Mais même après plusieurs seconde de bataille intense, la situation ne changea pas d'un poil : mes yeux continuaient de me faire mal. Par les slips troués de Merlin, c'était quoi ce bordel ?! Je me retournais inconsciemment vers l'intérieur de la salle, puis je tenta d'ouvrir un œil. Presque immédiatement, je fus ébloui par une vive lumière blanche qui me força à le refermer presque aussitôt.

Une petite minute... Ébloui ?

Soudain confus, je tenta à nouveau d'ouvrir la paupière de mon œil droit. Et comme à l'instant, une vive lumière blanche me transperça la rétine et me refit fermer l’œil, les mains posées devant pour me... protéger ? Bon sang, mais qu'est-ce qui m'arrivait, là ?! Depuis quand est-ce que... Une minute... Non... Ça n'était pas possible... Ça n'était pas... Pris d'un nouveau doute, mélangé à de la peur, j''entrouvris les deux paupières prudemment, et tenta de résister de les fermer. Comme je le pensais, la lumière reprit son assaut, mais au fur et à mesure des secondes où je résistais, elle semblait s'atténuer. Ouf... Ça n'était rien finalement. Je soupira de soulagement, ayant eu peur que je puisse voir à nouveau. Je rouvrit alors les yeux. Mais cette fois ce ne fut ni la lumière, ni l'obscurité qui m'emplit.

Mais des couleurs.

Des milliers de couleurs, certaines vives, d'autres plus sombres, s'étalaient devant moi, informes, parfois mobiles. Qu'est-ce que... ?! Alors que mon esprit avait "bugué", incapable d'émettre la moindre pensée, comme figé, les couleurs en face de moi commencèrent à se rétracter, et devenir plus... nettes. Elles devenaient des formes. D'abord floues, elles gagnèrent en netteté au fil des secondes. Ce fut alors que sous mes yeux ébahis, écarquillés au possible, se trouvait une gigantesque salle décorée de... c'était ça le "rose" ? Ainsi que des centaines de chandelles qui lévitaient au dessus de nos têtes. Au beau milieu de la salle se tenait une concentration d'élèves, tous habillés de manière différents, au couleurs diverses et variées dont j'en avais oublié le nom, incapable de les identifier, et qui... qui bougeaient dans tout les sens. C'était devant ce spectacle qu'une révélation s'imposait à moi comme une évidence. Une phrase qui se répétait en boucle dans mon esprit avec ma propre voix, et qui gagnait en intensité à chaque fois qu'elle était prononcée.

Je vois.

Je vois... Je vois... Je vois... Cette phrase se répétait inlassablement dans ma tête, toujours plus forte, sans que je puisse vraiment comprendre ce que cela impliquait. Mon esprit restait encore pétrifié devant ce que je... voyais. Je tentais de solliciter mes autres sens qui m'avaient toujours aidés jusqu'ici, mais... Ils semblaient diminués. Comme si... Comme si j'avais la tête dans un bocal, et que tout les sons, toutes les odeurs, les sensations... Tout s'était atténué. Mon souffle devenait court, mes poumons réclamaient dangereusement de l'oxygène. Mes mains s'étaient misent à trembler. Beaucoup trembler. Je restais ainsi, immobile, contemplant la Grande Salle et les élèves... Soudain, la phrase qui tournait en boucle dans ma tête se tût. Pendant de longues secondes. Et à ce moment-là, j’eus l'impression que le temps s'était arrêté. Tout me semblait figé, en suspens, comme pour me préparer à ce qui allait suivre. Je sentais mon cœur tambouriner dans ma poitrine au point de m'en faire mal, anxieux. Soudain, une nouvelle phrase apparut dans mon esprit. Une phrase qui ressemblait à la précédente, mais qui avait un tout nouveau sens.

Je revois.

Comme si cette phrase avait été un genre de mot de passe, comme pour ceux des tableaux, je sentis les rouages de mon cerveaux qui jusqu'ici se tenaient immobile s'affoler la seconde d'après. La vanne qui retenait mes pensées s'ouvrit brusquement, faisant entrer dans ma tête un flot, ou plutôt un raz-de-marrée de pensées qui se bousculèrent dans un torrent démentiel. Je sentis mon cœur accélérer encore plus, mon souffle s'emballer, cherchant de l'oxygène comme si ma vie en dépendait. Presque comme un poisson que l'on aurait sorti hors de l'eau. De l'air. Il me fallait de l'air. Mon regard se porta sur une... Une jeune fille qui se tenait pas très loin de moi. Elle était petite, plutôt chétive, mais elle avait de longs cheveux... colorés. En fait, la couleur de ses cheveux semblait changer de couleur inlassablement. Tandis que je la contemplais, comme si je m'accrochais à cette image qu'elle me donnait, je sentais le sang dans mes veines parcourir mon corps et devenir feu brûlant et torrent de lave. Je suffoquais. J'avais extrêmement chaud, et mes poumons peinaient à trouver l'air qu'ils imploraient depuis une éternité. Je ne contrôlais plus mes pensées, des milliers et des milliers de phrases, de questions, d'exclamations et de suppliques en tout genre défilaient en moi à une vitesse qui dépassait celle de la compréhension. Mes yeux ne quittèrent pas la petite fille aux cheveux qui changeaient de couleurs, puis je sentis quelque-chose monter en moi. Plus grand encore qu'une montée d'adrénaline, plus puissant que la peur que j'avais pu éprouver jusqu'ici. Écrasant et piétinant implacablement tout ce qui se trouvait sur son passage, cette... chose se fraya un chemin jusqu'à moi, grimpant en flèche à une vitesse démesurée. Une seconde avant qu'elle n'éclate, je compris de quoi il s'agissait. Une sensation, un sentiment qui serait capable d'écraser de la paume de sa main le loup qui se terrait en moi. Ce sentiment, c'était l’épouvante, la frayeur, la panique...

La peur.

Cette peur qui me fit hurler à pleins poumons.

Hurler de désespoir. De crainte. D’affolement.

Hurler.

Lorsqu'il fut terminé et que ma voix se brisa, mes jambes n'arrivèrent plus à me soutenir, et me firent tomber à genoux sur le plancher en bois de la salle, mes mains se portèrent à mes tempes, prirent mon crâne à pleines mains, et ma vue se brouilla en même temps que les larmes perlèrent sur mes joues, impossible à arrêter.

Et même dans cet état, même avec ça... L'image de la petite fille aux cheveux colorés restait gravé dans mon esprit.

Soudain, comme pour tenter de me ressaisir, et malgré tout les tumultes qui se déchainaient en moi, je sentis mon instinct hurler par dessus toute cette tempête. Il était en train de me hurler dessus et m'ordonnait de me relever, et de partir d'ici. Que si je ne partais pas maintenant, j'allais rater quelque-chose. Quelque-chose de très important à mes yeux. Et en un instant, je sus de quoi, ou plutôt de qui il s'agissait. Presque immédiatement, sans même porté la moindre attention à ceux qui avaient entendu mon cri, je bondis et me redressa brusquement, et fit aussi vite volte-face vers la sortie, les larmes ayant cessé de couler. Je devais la voir. Absolument ! Je me précipita alors jusqu'à la porte d'entrée du château, manquant de tomber plus d'une fois, comme si j'avais oublié comment courir. Une fois arrivé devant, j'en ouvris les deux portes en grand et... Et m'immobilisa devant le spectacle qui s'offrait à moi. Le paysage était... d'une beauté surnaturelle. L'horizon enlaçait le soleil qui irradiait d'une puissante lumière qui tentait le ciel et les nuages d'un orange fascinant. Sur ma droite se tenait... Par Merlin, c'était ça, la Forêt Interdite ? Elle était... Étonnamment plus petite que je ne l'aurais cru. Elle n'en restait pas moins majestueuse. Et ça... Ce n'était pas le saule cogneur ? Il était immense ! Mon regard se porta sur ma gauche, et je pu contempler le terrain de Quidditch. Et c'était moi, ou... Ou c'était Pré-au-Lard que je voyais au loin ? Le monde que je connaissais depuis maintenant 7 ans... Je le voyais littéralement d'une toute nouvelle façon.

Puis je la vis. Elle.

Liz. Elizabeth.

Elle se dirigeait vers le terrain, mais lorsque le vent souffla sur nôtre gauche, son visage de profila. Et à ce moment-là, le temps sembla à nouveau s'arrêter. Ou plutôt, il tournait dans un ralenti extrême, comme pour me laisser le temps de la contempler. J’eus même l'impression que... que mes yeux se rapprochaient d'elle, comme l'aurait fait un télescope. J'en eu le souffle coupé. Elle était... magnifique. Et le mot était si faible, si loin de la réalité que j'avais sous les yeux. C'était une déesse, une œuvre d'art de la nature. Étrangement, mon regard s'attarda quelques secondes sur ses vêtements, comme pour garder le meilleur pour la fin. Elle portait une veste de la même couleur que la décoration de la Grande Salle, en plus vif même. En dessous se tenait un jean bleu plutôt usé, et elle était chaussée d'étranges bottes d'un vert différent de celui de l'herbe, où y était collé des tas d'autocollants que je n'avais jamais pu voir jusqu'ici. Je savais que ma fiancée portait des tenues "excentriques", mais maintenant que je le voyais de mes propres yeux, je comprenais à quel point... Puis mes yeux se relevèrent sur son visage.

Son si beau visage... Elle était presque comme je me l'étais imaginé. En beaucoup, beaucoup plus belle. Je contemplais sa chevelure flamboyante qui dansait au gré du vent, sa peau blanche immaculée qui faisait ressortir le brun de ses yeux. Bon sang, ses yeux... Ils étaient magnifiques. Non, plus que ça : ils étaient... éblouissants. Presque autant que le soleil qui commençait à se profiler au loin. Ils brillaient d'un éclat pur, et rempli d'étoiles qui m'en coupa le souffle. De tels yeux... Si j'avais pu les voir plus tôt, j'aurais pu les contempler toute ma vie, et plus encore. Ils étaient si magnifique... Tout en elle était magnifique. Elle était la beauté incarnée, la femme que j'aimais de tout mon être, de toute mon âme. Mes yeux se portèrent sur ses mains menues et graciles, puis s'attarda sur la bague qui y trônait. Je me doutais déjà qu'elle était belle, mais elle l'était encore plus sur elle. Les diamants roses sertis en forme de fleur étaient relevés par l'argent qui la soutenait, et était en harmonie parfaite avec la forme et la peau de sa main. Une bague qui avait été faite pour elle au-delà des mots.

Elle était si belle...

J'avais voulu la rejoindre. La prendre dans mes bras, la serrer contre mon cœur, et lui dire à quel point je l'aimais. A quel point elle était belle. Mais à peine ma bouche s'ouvrit qu'elle se referma. Cette fois, ce ne fut pas mon instinct, mais une autre force inconnue qui me noua la gorge. Je ne pouvais pas la rejoindre. Mes pieds s'étaient immobilisés, incapables de ne faire ne serait-ce qu'un seul pas à l’extérieur. L'image de la jeune fille au cheveux colorés revint aussi brutalement à moi que si j'avais foncé droit sur un mur. Je ne savais ce qu'il m'arrivait, mais elle m'attirait au-delà des mots, au-delà de ma propre volonté.

Avec un pincement au cœur aussi douloureux que si on me l'avait transpercé avec une lame, je me tourna lentement, de nouvelles larmes perlèrent sur mes joues, et je revins lentement vers la Grande Salle.

C'est la Saint Valentin, aujourd'hui. Et pour la célébrer, tu as autorisé les elfes de maisons à faire un banquet aussi coquet que rose. Un peu trop rose à ton goût, d'ailleurs. Mais ton avis en la matière n'a... pour une fois, aucune importance. Les élèves, ADEMs et professeurs présents dans la Grande Salle ne s'en offusquent pas, cela dit... C'est que cette décoration guimauveuse ne doit pas être si horrible que ça, en fin de compte. C'est juste toi qui fait une allergie au rose bonbon dégoulinant d'amour mièvre.

J'te comprends. C'est dégueulasse, et ça colle plus fort qu'un maléfice de glu perpétuelle ! Enfin bon, il faut savoir faire avec.

La Grande Salle est quasiment bondée. Les personnes y défilant sont vêtue élégamment, ou à quelques détails près. Ne serait-ce pas Aiden Abberline que tu vois, là bas, déguisé en cupidon ? Ouh là, il est même équipé d'un arc et d'un carquois remplis de flèches ! … Flèches parfaitement adaptées à l'événement. Tu pouffes un peu en le voyant. Ce petit a le mérite d'être créatif, tu ne peux pas le nier.

Tu apperçoies quelques uns de tes collègues, ainsi que quelques ADEMs. Tiens, le jeune Throwback est présent, également ! Et la demoiselle O'Bryan aussi. Tu te désintéresses d'eux, te dirigeant vers le buffet à pas mesurés. Tu ne voudrais pas percuter un des participants et risquer d'abîmer tes vêtements à cause d'un verre de jus de citrouille suicidaire, ou d'en toucher un plus mièvre que les autres, et attraper la guimauvite – une maladie particulièrement mortelle. Les personnes en étant atteintes vomissent des arc-en-ciels et pètent des p'tits cœurs pailletés jusqu'à la mort ! Non vraiment, je te recommande pas de la contracter.

Le temps d'arriver assez près du buffet indemne, tu constates quelques faits étranges. L'humeur générale se fait plus... Tendue, plus électrique. Une vague de tunesaisquoietmoinonplus se propage dans la foule, toujours plus grande, toujours plus colorée, malgré le voyage incessant des corps entre la Grande Salle et tout ce qui se trouve dehors. Tu es perplexe.

Très perplexe.

Tu ne comprends visiblement pas ce qu'il se passe. De dépit, cependant alerte et pensif, tu te sers un verre de jus de citrouille. Et alors que tu le portes à tes lèvres, tu assistes à une petite scène, discrète et qui aurait pu passer pour anodine si tu n'étais pas en état d'alerte. Un jeune homme, à tes côtés, a bu un verre juste avant toi. A ce moment précis, un ADEM en étude moldu s'est approché de lui et lui a adressé la parole. Tu as vu le regard du premier garçon changer. Tu as vu cette chose que tu ne comprends pas prendre ce garçon, et... le pousser à rougir et bagayer bêtement face à son aîné. Puis s'en approcher. Et flirter, toujours bagayant, mais se collant franchement à un ADEM des plus perturbé.

Tu regardes le contenu de ton verre. Puis le duo à tes côtés. Puis ton verre. Puis l'ADEM se barrer en courant, bousculant du monde au passage, poursuivit par un élève bondissant. Puis tu reposes ton verre. Et tu remercies la déesse de la Fortune de ne pas t'avoir laissé le temps d'ingérer cette substance des plus louches.

Tu soupires.

Un hurlement soudain te fait sursauter, alors que tu cherchais un adulte sain d'esprit pour t'aider à gérer la crise en cours. Quelques secondes après, tu te rends compte que le hurleur n'est autre que Damien Throwback, qui prend la fuite, en pleurs, immédiatement après avoir cessé son éclat de voix des plus retentissants. Bon. Plus le temps de traîner, il faut prendre des mesures immédiatement !

Tu convoques rapidement quelques elfes de maisons. Un cœur de claquement de doigts plus tard, le buffet a disparu – sait-on jamais, le jus de citrouille n'est peut-être pas le seul élément altéré du buffet. Les choses vont assez vite à partir de là. Tu lances un sort de sorte que ta voix surpasse celles des autres personnes présentes. Et tu donnes tes directives : les personnes – nombreuses- ayant consommé du jus de citrouille doivent se rendre en compagnie de l'infirmière à l'infirmerie, où elle les examinera. Ian, que tu es parvenu à joindre en catastrophe par le biais des elfes de maisons, doit pour sa part découvrir quelques éléments du buffet sont contaminés, et trouver par quoi. Et éventuellement trouver un remède (que, avec un peu de chance, il a déjà sous la main. Mais ne soyons pas trop optimiste, ça pourrait nous faire du tort).

Un bout de temps plus tard, toutes les personnes contaminées ont été rassemblées et guérie de cet philtre d'amour. Une chance que sa composition n'ait pas été des plus complexes, Ian a pu y remédier facilement. Le coupable, dans tout ça ? Tu ne l'as pas encore trouvé. Mais au moment où tu découvriras son identité, il devra prendre ses responsabilités. Ouh que oui.

Candy Welton, l'infirmière, s'approche de toi alors que tu songes à la punition que tu donnerais au coupable s'il s'agit qu'un élève. Elle t'annonce que le philtre a eu des effets secondaires . Effets dont on ne peut se débarrasser pour le moment, puisque trop variés. Elle est cependant convaincue qu'ils se dissiperont avec le temps. Ce n'est qu'une question d'heures, tout au plus.

Tu soupires une nouvelle fois. Puis, t'adressant à tous, tu leur annonces la nouvelle. Et leur conseille de se reposer, ou peut-être de profiter de ce qu'il leur reste de cette journée placée sous le signe de l'amour.

Pour ta part, tu retournes te coucher. Cette aventure a un peu trop usé du peu d'énergie que tu avais en réserve, aujourd'hui.

Clôture de l'événement: